Président de l'Orneau Bad Club, situé à Gembloux, Benoît FOUQUET-LAPAR connaît bien le milieu du badminton et a mis en lumière son club ces dernières années avec notamment la prise en charge de plusieurs championnats entre 2017 et 2023. Entretien avec ce passionné, ingénieur en acoustique, qui est devenu administrateur LFBB en mai 2023.

BREAKING NEWS : Les Championnats de Belgique Elites retrouveront Gembloux en février 2025 !

Quand, comment et où as-tu commencé le badminton ?

J'ai d'abord commencé à jouer au tennis à l'âge de 5 ans. Mon père était président du club de tennis. J’ai fait du mini-tennis puis j'ai poursuivi en compétition en tant que jeune dans toutes les catégories. C’était l'époque de Yannick Noah. Je jouais plusieurs fois par semaine et j'étais en permanence sur les terrains. Je me faisais gronder car j’arrivais toujours en retard au souper, surtout le mercredi. Du coup, je sortais des excuses bidon que personne ne croyait.

En 1986, à 18 ans, un club de badminton a ouvert chez moi en région parisienne. J'ai essayé et ça m'a directement plu. Je suis ensuite parti à l'université à Compiègne pour mes études supérieures et c'est là que j'ai vraiment switché vers le badminton. J'ai parcouru le département et le nord de la France avec deux amis étudiants à faire tous les tournois inimaginables.

A la fin de mes études, en 1992, je suis parti à Lyon pour commencer à travailler. Je me suis inscrit au club du BACO : le Badminton Club d'Oullins. A ce moment-là, je jouais à raison de 3 fois par semaine, célibataire sans contrainte. J'ai écumé tous les tournois de l’est de la France depuis Nice, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Grenoble mais aussi jusque Strasbourg. C'est à cette période que je suis arrivé à mes meilleurs classements surtout en double (B2) et en mixte (B2). J’ai malheureusement toujours gardé mes défaut du tennis.
J’ai même pris une semaine de congés en 1995 pour aller voir les Championnats du Monde à Lausanne, en Suisse (Peter Gade, Camilla Martin, Rexy et Ricky en doubles, etc.). A l’époque, l’accès aux joueurs et aux entraînements était super facile.

En termes d'investissement, je participais à l’organisation du tournoi international du club. On accueillait des Belges (dont Pedro Vanneste pour ceux qui le connaissent), des Suisses et les champions de France comme Etienne Thobois, qui est maintenant Directeur général des Jeux, et aussi Sandra Dimbour à l'époque. 400 inscrits, 2 halls séparés dans la ville. Une très grosse organisation !
Je me suis plus tard aussi investi au Comité départemental du Rhône : j'étais secrétaire et au niveau régional en tant que membre du Conseil d'administration de la Ligue Rhône-Alpes. A l'époque, le Rhône c'était environ 3000 licenciés et la région Rhône-Alpes atteignait les 10.000 licenciés. J'allais représenter la région Rhône-Alpes aux élections fédérales sur Paris ; chaque région avait un nombre de voix proportionnel aux licenciés. A méditer pour une représentation des provinces à l’AG LFBB ...

Je suis arrivé en Belgique en 2001 pour travailler chez Caterpillar, à Gosselies. Je n'ai pas joué immédiatement, je suis parti en expatriation aux États-Unis entre 2005 et 2010. A mon retour, je me suis installé dans les environs de Gembloux. C'est ainsi que j'ai rejoint le club de badminton de Gembloux, fraîchement créé en 2013. Je me suis alors impliqué dans l'organisation du club qui était initialement une association de fait. J’ai pour finir été élu président en juin 2016, le président précédent arrêtant pour des raisons personnelles. Désormais, je suis dans ma 8ème année de présidence et j'essaie de jouer encore une fois par semaine. En interclubs, je suis actif et capitaine de notre équipe 2 mais je suis rarement en tournoi.

Connu en tant que président impliqué notamment dans plusieurs grands évènements successifs, qu'est-ce qui te motive par-dessus tout ?

Concernant l'organisation des événements ce qui me motive le plus c'est de voir, à domicile, du badminton du meilleur niveau possible, construire une culture badminton. Très tôt, j’ai sollicité les membres du Conseil d'administration sur ce type d’évènements.Je me rappelle l'organisation des premiers Championnats Elites francophones. L'excitation incroyable qu'on avait et le sentiment d'avoir réalisé quelque chose de grandiose alors que c'était modeste. On l'a fait pendant 5 ans. Cela devient un peu de la routine. J'ai donc proposé un nouveau défi : les Championnat de Belgique Elites, avec le même état d’esprit : voir le meilleur badminton possible avec une organisation la plus parfaite possible.

Il est clair que cette saison 2022-2023 a été intense : CLFBB Elites en novembre, CB Elites en février et notre tournoi en avril. Tout tient dans la capacité à mobiliser les bénévoles. Mais cette saison, on a ralenti la voilure. Ce qui nous a permis de nous recentrer sur le club et de re fédérer. Je comprends qu’il faille souffler.

En dehors de l’intérêt sportif, l’organisation d’un grand évènement permet des rentrées financières pour l’équilibre du budget. Il y a également un gain en visibilité extérieure par rapport, notamment, au gestionnaire des infrastructures, à la commune, aux médias et aux institutions. On "prend du galon" et on devient (plus) crédible lorsqu’on introduit une demande.

Il y a encore des évènements qui me semblent intéressants d’organiser sur Gembloux comme une poule du Championnat d'Europe Messieurs, Dames ou Mixte).

© David COLLIN
La fibre managériale ou plutôt la passion de pérenniser ton club ? Des projets ou des objectifs fixés à atteindre ?

Concernant ma fibre managériale je crois que ce qui me motive c'est la passion. Je ne me lasse jamais de regarder du badminton. A la télé, dans les tournois adultes ou jeunes. J’aime la performance. Tous les niveaux m'intéressent. J’aime structurer. Je ne suis pas un créatif mais un analyste.

Avec le recul, je réalise aussi que j’adore organiser, et de manière la plus professionnelle possible. Partir d’une feuille blanche, imaginer, délirer puis concrétiser, trouver des solutions, palier les problèmes de dernière minute, jusqu’au détail près.

Je reconnais que je suis parfois très, trop, exigeant. Que mon investissement n’est pas toujours celui des autres. Si on se penche sur la pérennité d'un club, je pense que ce qui est le plus important, c'est de bien structurer son club. Ce qu'on veut y faire, Comment on veut le construire et tout de suite essayez d'imaginer une perspective. Où veut-on être dans 3 ans, dans 5 ans et d'organiser sa structure par rapport à cela. On est parti d’une feuille blanche en 2013.

Une technique, classique utilisée, a été de définir Mission, Vision, Objectifs autour de Valeurs. On le reprend à chaque AG et on regarde où on en est. La bataille est permanente au niveau local pour faire reconnaitre le badminton (perçu comme un loisir face à des gros clubs de basket ou volley). La crédibilité de gestion est essentielle avant de pouvoir discuter sportif, demander des créneaux, solliciter de l’aide…

Quels sont les objectifs atteints ?

  • Un club crédible en terme de gestion saine
  • Un club crédible en terme d’organisation d’évènements de badminton
  • Une école de badminton crédible avec 100 jeunes depuis 8 ans. Structuré avec plusieurs niveaux, un pool d’entraineurs avec des objectifs communs et partagés. Il s’agit d’amener chaque jeune à son meilleur potentiel (on peut vouloir rester loisir, on peut vouloir progresser, on peut viser l’excellence…). Et tant mieux s’ils sont détectés par la Ligue.

Quels sont les objectifs qui me paraissent encore à atteindre ?

  • Un club reconnu pour ses performances sportives. J’espère arriver à construire des équipes premières en Mixte et en Messieurs voire Dames un jour, vers le meilleur niveau possible. Viser les premières divisions en région wallonne et puis pourquoi pas un jour vers la Nationale. Mais ça ne se décrète pas : ça se construit, sans faire de la chasse aux joueurs, sur les valeurs du club. On vient rejoindre l’OBC, son état d’esprit, ses membres et ses valeurs.
Des thématiques qui te tiennent plus à cœur que d'autres ?

Le développement des jeunes. C'est ce qui me donne le plus de passion. Voir des jeunes progresser, performer surtout quand ils viennent du club.

Je retiendrai aussi : vouloir apprendre le badminton. Je n'ai jamais su jouer au badminton correctement. Quand je vois un jeune ou un adulte maîtriser l'ensemble des "coups", je trouve cela passionnant.

Je retiens également la formule trouvée à la fédération française : Au badminton, il faut être lucide précis et explosif. Quand on le voit sur le terrain, c'est fantastique.

Pour conclure, développer la culture badminton : connaître les meilleurs joueurs, être prêt à se déplacer voir des compétitions, vouloir apprendre les meilleures techniques, maîtriser tous les coups.

Nouvellement élu administrateur LFBB, ta vision des choses change-t-elle ? Qu'est-ce qui t'intéresse avec cette nouvelle casquette ?

Ma vision n’a pas réellement changé. J'ai toujours assisté aux AG de la LFBB. J’ai toujours été intéressé par le fonctionnement, la structure interne, les enjeux, les difficultés, les contraintes. J'ai toujours détesté la formulation "la LFBB", une espèce d'entité dont on ne sait pas ce que c’est, qui la fait fonctionner ... Il faut comprendre de l'intérieur avant de pouvoir émettre des jugements.

Je suis également membre effectif à l’AG de l’ASBL Gembloux Omnisport et, à titre personnel, je suis les conseils communaux le plus régulièrement possible. C’est dans la même veine. Je suis curieux des organisations, de leur fonctionnement. Je ne peux émettre un avis sans comprendre.

Je souhaite m’investir à mettre, remettre les clubs au centre de la problématique de la LFBB. Ce sont les moteurs du sport. Il faut que la LFBB soit le soutien pour leur développement et non une contrainte pour les clubs.

Je pense en particulier aux écoles de badminton à travers les clubs labellisés. La structure théorique est là mais cela ne fonctionne pas encore correctement. Il faut aller sur le terrain, rencontrer les clubs, les entraineurs, apporter un vrai soutien, une vraie plus-value. Cette pyramide "Détection" fait sens. La base est essentielle. Il faut que cette base soit solide et pérenne. La formation des entraineurs est aussi fondamentale.
A la LFBB de le construire avec les clubs, pour les clubs.

Une conclusion sur ta vision du bad' à terme en FWB ?

Retrouvons une pyramide saine de classements. C’est un sujet complexe.

Réfléchissons au calendrier des tournois. Donnons envie aux membres des clubs de voir du badminton de haut niveau. Pérennisons notre pyramide de Détection avec des clubs motivés, des entraineurs formés et des jeunes passionnés. Avec une LFBB au service de tous.

© David COLLIN